il n’y avait pas plus de 1.500 personnes, sinon à peine, dans cette salle de 2.500 places. Quand aux alentours de 3 heures du matin, Emeneya consent enfin de venir chanter, il n’a pas un mot d’excuse pour le public. Dimanche 13 juillet aux petites heures du matin, sur la scène de l’Olympia, parti dans une surenchère oratoire inexpliquée, le chroniqueur de musique Djo Ka a lâché une phrase cruelle pour Kester Emeneya qui y livrait son deuxième concert six ans après son premier passage : « Pour la deuxième fois, Emeneya est venu défier l’Olympia ». Un éloge lâché dans une salle qui sonnait creux, car contrairement à ce que le promoteur nous avait fait dire 48 heures avant le concert, il n’y avait pas plus de 1.500 personnes, sinon à peine, dans cette salle de 2.500 places.
Sûr que l’affluence à un concert n’est pas un indicateur objectif du talent d’un chanteur ou d’un groupe, mais ce soir-là les moments où le génie artistique a parlé étaient, hélas, fugaces.
Quand aux alentours de 3 heures du matin, Emeneya consent enfin de venir chanter, il n’a pas un mot d’excuse pour le public. Juste avant, ses jeunes chanteurs ont été remarquables et ses musiciens brillants dans la chanson « Lundi » qui a ouvert la soirée. Le son est impeccable et les musiciens impressionnants. On a le sentiment que chaque fil des guitares parle d’une manière limpide et colorée au public, on peut même fermer les yeux, se passer du spectacle et des hurlements des atalaku pour savourer la musique, rien que la musique. Une évidence s’imposa alors : il existe bien un style, un cachet Victoria Eleison qui a survécu aux innovations –quelquefois heureuses- de son leader ou encore de ses traversées du désert un peu interminables ces dernières années.
Démonstration est aussi faite qu’Emeneya est un très bon chanteur, mais ce soir il a la mauvaise idée d’enchaîner avec plusieurs chansons soit au tempo un peu soporifique ou simplement inconnues du public. Et sa gestuelle vint aggraver son cas : le micro ne quitte pas sa main droite et sa main gauche n’en finit pas de caresser encore et encore son ventre légèrement proéminent. Son visage n’exprime aucune émotion et son jeu de jambes est emprunté. Mais Emeneya a de la ressource et quand il interprète une chanson de Victoria des années 80, le public est euphorique et le monde est à ses pieds. L’ambiance atteint son apogée et Kester est transfiguré, comme subitement habité. La star fait le spectacle en vrai leader entraînant ses jeunes chanteurs dans un show devenu tonitruant. Quand l’orchestre enchaîne avec un titre récent, l’exhibition de la danse « Pigeon Pigeon » maintient l’ambiance à son paroxysme.
Merci pour la berceuse
Cette tranche d’euphorie ne fut hélas qu’un épisode, vite refermé par un Kester enfermé dans un répertoire qui ne disait pas grand-chose à la majorité de mélomanes. Dans la salle, on en voit qui piquent du nez, qui somnolent. Le chant est monocorde, le tempo est retombé dans ses franges ramollissantes, la musique déroule des gammes aux vertus anesthésiantes. Personne ne comprend la composition de ce répertoire. De toute façon, Emeneya lui-même n’y est plus, il montre un détachement incompréhensible : il passe plus de temps dos tourné au public en train de papoter avec le batteur laissant ses chanteurs faire le spectacle. Un spectacle devenu monotone.
Après l’Olympia, Emeneya et son groupe vont partir en tournée au Canada puis passeront par Lyon, Stockholm, Rotterdam, Berlin… Les mélomanes de ces prochaines escales peuvent s’estimer heureux car l’orchestre pourra difficilement faire pire et Kester aura entre temps revu les images de ce concert.
vendredi 18 juillet 2008
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