lundi 12 mai 2008

SAM BENDE FINALEMENT REELU A LA TETE DE LA CMC!

Interpellé aux premières heures de la matinée samedi, Sam Mbendé a été réélu par ses sympathisants en l’absence des autres candidats.
Un reportage de Dorine Ekwè

A 22h45 samedi 10 mai, la réélection de Sam Mbendé au poste du président du conseil d’administration sortant de la Cameroon music corporation (Cmc) est annoncée après que les autres candidats déclarés à cette élection au poste de Pca de la Cmc aient claqué la porte au cours de la journée et que François Bingono Bingono, président du comité électoral ait constaté leur désistement. Sam Mbendé est ainsi réélu avec 290 voix pour sur un total de 353 votants, 52 abstentions et 11 bulletins vides. Seulement, chez ses sympathisants, ce n’est pas ce débordement de joie auquel on se serait logiquement attendu. La "victoire " semble avoir un goût de papier mâché. "Les gars sont fatigués et sont conscients que la bataille n’est pas terminée ", lance Cissy Dipoko, présente dans la salle alors que Sam Mbendé sort de la salle.

C’est que, vendredi et samedi ont été riches en rebondissements pour les sociétaires de la Cmc. Vendredi dernier déjà, le ministre de la Culture a fait servir à Sam Mbendé une notification d’huissier portant disqualification de sa candidature à l’élection au poste de président du conseil d’administration de la Cmc. La note signée de Ama Tutu Muna et datant du jeudi 08 mai dernier précise : "est déclarée irrecevable à l’élection du président du Conseil d’administration de la Cmc la candidature de monsieur Mbendé Samuel dit Sam Mbendé pour malversations financières graves imputables à l’intéressé dans le cadre d’un partage inter-social". La note précise d’ailleurs que le président de la Cpmc est chargé de la mise en œuvre de la présente décision
Dès 6h20 samedi, Sam Mbendé est interpellé à son domicile par des éléments de la délégation départementale de la police judicaire à Yaoundé. D’après ces derniers en effet, une plainte a été déposée contre lui dans leurs services par le ministre de la Culture, Mme Ama Tutu Muna. D’après un enquêteur : "Dans cette plainte, le ministre de la Culture dit avoir agir au nom de deux sociétés : la Scaap [qui s’occupe de la gestion du droit d’auteur pour les arts audiovisuels et photographiques, Ndlr] et la Socadap [qui s’occupe de la collecte du droit d’auteur pour les arts graphiques, Ndlr]. Ces deux sociétés se plaignent d’après cette plainte de pas avoir reçu de l’argent issu des 100 millions de Francs Cfa dans le cadre du partage inter social entre les différentes sociétés de gestion collective du droit d’auteur".

Grabuge
Alors que Sam Mbendé est entendu par les enquêteurs, ses sympathisants s’amassent devant le bureau de police et réclament la libération de l’intéressé. Guy Lobé, Jean Pierre Essomé, Ama Pierrot et plusieurs autres artistes décident de se coucher sur la chaussée, empêchant ainsi la circulation sur cet axe. Des cris se font entendre de partout et la foule n’arrête pas de s’épaissir. Des artistes entonnent l’hymne national en essayant de braver les éléments des équipes spéciales d’intervention rapide (Esir) qui ont constitué un cordon de sécurité à l’avant du bâtiment. La tension monte et chacun y va de ses supputions. La foule d’artistes crie au complot avant de hurler de joie lorsque leur " président " ressort du commissariat sous escorte policière. Le conseil de ce dernier a fait valoir les dispositions du nouveau code de procédure pénal selon lequel aucune interpellation ne devrait se faire le week-end.

Après quelques effusions de joie, le cap est mis sur le Palais des congrès où, quelques instants plus tôt, le président de la Commission permanente de médiation et de contrôle (Cpmc), Adolphe Minkoa She a fait installer les artistes en attendant les listes des membres que détient le président du comité Electoral, François Bingono Bingono. Installés sur l’estrade de la salle tripartite où sont prévus les travaux de l’assemblée générale, les membres de la Cpmc en sont encore à cette note introductive lorsqu’un groupe d’artistes fait irruption dans la salle et suspend les travaux. La salle se vide alors que gendarmes et policiers appelés à faire régner l’ordre se marchent dessus dans le hall.
Chaque groupe de candidats rejoint sa base pour une ultime concertation. L’abbé Bodo et les siens (Elvis Kemayou, Jacky Toto, Dinally, Ekambi Brillant, Moussa Haïssam..) dont la candidature a été uniquement déposée au ministère de la Culture, s’en vont se restaurer sur les hauteurs du Mont Bankolo d’où ils ne redescendront pas pour rallier le palais des congrès où ils sont pourtant attendus. "Le ministère nous a appelé et nous a demandé de laisser Sam Mbendé organiser son cinéma. C’est pour cette raison que nous ne reviendrons pas", confie Moussa Haïssam, ancien membre du conseil d’administration dirigé par Sam Mbendé.

Des propos que reprend Elvis Kemayou qui affirme que le groupe a décidé de se retirer sur instructions… Chez les autres candidats, c’est la même démobilisation. Roméo Dika, après un bref échange avec ses sympathisants, s’en est allé, ses 36 propositions pour rénover la Cmc sous les bras et les différents téléphones portables fermés. Mama Ohandja et Rachel Tchoungui ont également décidé de quitter le palais des congrès et ne plus y remettre les pieds. " Je me suis bien rendue compte que rien de bon ne se passera là-bas", confie-t-elle.
Malgré ces désistements, rien ne va altérer la détermination de l’équipe sortante qui, après moult conciliabules démarre le processus aux environs de 19h45. Ze Bella et d’autres artistes pro Roméo Dika essaient en vain d’arrêter la cérémonie et sont finalement expulsés de la salle par des gendarmes. Pendant que Sam Mbendé lit son discours, une panne d’électricité survient et c’est à la lueur d’un téléphone portable qu’il le terminera.

De longues minutes plus tard, l’électricité est rétablie alors que ce même candidat est appelé à battre campagne. Il est d’ailleurs le seul à se plier à cette exigence vu qu’aucun des autres candidats n’a participé au scrutin. Un scrutin dont on s’interroge sur la suite qui lui sera réservée étant donné qu’aucun membre de la Cpmc ni aucun représentant du ministère n’y a pris part, contrairement aux dispositions de la société dont l’article 30 des statuts qui stipulent que "la commission permanente de médiation et de contrôle des organismes de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins participe aux travaux des assemblées générales ordinaires et extraordinaires de la Cmc".

EXTRAIT DU QUOTIDIEN MUTATIONS DU LUNDI 12 MAI 2008.


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